Introduction..

Moi j’ai découvert et aimé ce genre dans le manga, d’abord avec : Akira, de Katsuhiro Ōtomo (créé en 1982 et animé en 1988) puis, avec Gunnm, de Yukito Kishiro.. Mais on a vu ce genre distiller ses thématiques sur différents supports et dans de nombreuses œuvres, notamment dans le cinéma, les jeux vidéo, jeux de rôles, dans la littérature, la peinture, sculpture, musique, etc.. c’est un genre, un mouvement artistique, qui sera identifié et nommé au début des années 80, notamment avec au cinéma avec le film Blade Runner, réalisé par Ridley Scott et écrit par Arthur Charles Clarke.

Définition..

Le Cyberpunk est un sous genre de la science-fiction, d’anticipation et dystopique. Qui met donc en scène un futur plus ou moins proche, avec une société technologiquement avancée et une humanité, comme souvent en conflit avec elle-même (dans son rapport avec sa technologie et son environnement, ses mœurs). Les mondes Cyberpunks sont violents et pessimistes, souvent lugubres, avec des personnages désabusés et cyniques, des antihéros. 

Le terme Cyberpunk se démocratise dans les années 80 avec cette fascination pour nos avancées en tout genre, mais aussi une forme de constat lié à notre consommation, nos sociétés. Car c’est aussi le début d’un déclin ressenti par une partie de la jeunesse occidental, qui se marginalise volontairement et s’oppose. Comme leur aînés Hippies, mais une version citadine, plus adepte du « no futur » que du « peace and love » les punks sont plus radicaux, car il y a ce sentiment d’être coincé dans ces grandes villes ou les craquantes sociaux explosent.

Dérivé de la pensé du transhumanisme, concept du milieu 20e siècle qui consiste en l’amélioration du genre humain, physique et mentale, par le science et la technologie. Ce dernier fait écho au transcendantalisme antique, qui songe plus largement à l’immortalité.. parce que oui, le Cyberpunk pose de vraies questions existentielles, questions communes à toutes les époques. Parce que l’humanité ne s’attelle qu’à une seule chose dans le fond.. vivre mieux.

Mais que faire d’une nouvelle technologie révolutionnaire ? D’un outil super puissant ? Comment l’appréhender avec notre nature humaine (et on ne va pas se mentir, souvent déviante).. alors qui en abuse, qui les subit ? Voilà ce qu’il y a en arrière-plan du Cyberpunk.

High-tech éthique..

En effet, dans les œuvres Cyberpunk se sont globalement les outils technologiques qui sont extrapolées, jusqu’à leur point de rupture. Technologie de l’information par exemple, de la récolte au partage de celle-ci, mais dans quel usage ? Des outils toujours plus puissants, bien pratiques et utiles finalement, mais qui deviendraient indispensables et finiraient peut-être par nous dominer. Bénéfique comme ceux de la science qui profiterait à la médecine, jusqu’à l’eugénisme d’une certaine manière. 

Des outils technologiques qui tendent à augmenter nos performances physiques et intellectuelles, mais sous quelle condition (moyennant finance, ou via un statut social) ? Ne serait-il pas injuste qu’une seule partie du monde y ait accès ? Par exemple, si presque toutes les voitures d’aujourd’hui ont un GPS intégré, faudrait-il supprimer les panneaux des villes ? Où commence et s’arrête la norme de la technologisation ? Il est plutôt facile d’imaginer le pire, mais le problème ne viendra jamais de ces technologies, mais bien de nous (gouvernements, sociétés, etc..). Avec un couteau, on peut couper de la viande ou la tête de son voisin.. c’est glauque, mais pour l’exemple. Le Cyberpunk nous pose ce genre de questions, comme pour nous avertir. Celle-ci étant posé, à nous de trouver une réponse (une solution de garde fou). Il ne faut donc pas avoir systématiquement peur de ces outils en développement. 

Il faut juste noter qu’avec ça, l’homme ne travaille qu’à alléger sa peine, faciliter son travail, voire l’éliminer. Puis, nos trouvailles influencent toutes les strates de nos vies. Que ce soit avant la naissance, avec de la manipulation génétique, ou après avec des implants en tout genre, à l’intérieur ou à l’extérieur du corps, maintenant ou plus tard, l’idée est toujours d’augmenter, d’améliorer la vie. Dans ces avancées il y a une sorte de combat contre la nature et là encore, rien de nouveau.. la maison est faite pour nous protéger d’elle, et pour ça nous avons dû couper un arbre. Le smartphone d’aujourd’hui par exemple, n’est-il pas la prothèse cybernétique de demain ? qui ne serait finalement que la suite logique des livres, d’internet ou encore.. de la jambe de bois, ou des lunettes ? 

Alors évidemment, on peut se dire que si la qualité et surtout l’espérance de vie s’allonge, la question de la surpopulation terrestre se pose. Sans compter qu’elle se consume irréversiblement, ce qui pousserait l’humanité à l’exile.. et bien, dans le genre Cyberpunk ces questions ne sont pas tellement posées, c’est pourquoi la conquête spatiale n’est pas explicitement envisagée. On préférera, une histoire post-apocalyptique ou plutôt, une sorte de puissance malveillante (société totalitaire) qui organiserait une tuerie de masse, provoquant une guerre civile.. par exemple avec ces inégalités d’accès aux technologies. En somme, les interrogations Cyberpunk sont bien plus politiques, que basées sur un gadget technologique en particulier. 

Code esthétique et narratif..

Visuellement, c’est évidemment un style sur mesure pour les geeks et les amateurs de rock anarchistes. Un bouillon de références pop culture, de hautes technologies et de personnages fantasques. Avec une esthétique bio-mécanique, ou l’électronique froid est présentée comme organique et chaud. Pour autant l’ambiance y est sombre, souvent nocturne ou d’un ciel couvert pour accentuer l’oppression. Même si les teintes dominantes sont bleu et noir, ils contrastent avec les couleurs vives des panneaux publicitaires. Les décors sont généralement surchargés et l’aspect futuriste se joue sur des détails, on se sent finalement plutôt proche de ce qu’on voit. 

Il y a du verre et du métal, souvent cassé ou cabossé, des diodes et des écrans qui dysfonctionnent.. clairement pas l’entreprise du captain Spock.. le Cyberpunk c’est ça. Dans la rue il y aurait des déchets par terre et sur le trottoir une flaque d’eau avec un câble électrique dénudé juste à côté. Si il y a une moto volante.. alors elle ferait le boucan de la 4L de pépé. Tout est en opposition, une histoire douce et mélancolique serait traitée graphiquement avec nervosité. 

Sur le plan narratif, les récits qui en découlent sont généralement marqués de fatalisme. Comme dit précédemment, il y a une critique en toile de fond. Une grande question est alors posée à notre héroïne (philosophique, éthique, politique et/ou sociale). Qu’il y ait ensuite une histoire d’amour ou une enquête peu importe.. tant qu’elle est posée. Il y a donc le personnage principal, son environnement direct, son aventure personnelle, mais aussi toute la société environnante. Dans ses aventures il sera, d’une façon ou d’une autre, rattrapé, impacté par celle-ci. Souvent d’ailleurs, il y a quelque part dans ces univers une rébellion, une lutte, des résistants.. En somme, d’une quête individuelle c’est finalement l’humanité, une communauté confrontée à son système.

Le Cyberpunk nous mène donc au cœur de cité gigantesque du futur, high-tech et anxiogène, ou co-habite cyborgs et hackers, véhicules ultra stylés et enseignes lumineuses. Sans oublier une élite puissante, en guerre contre des rebelles et/ou des gangs violents, qui rythmeront de toute façon cet univers et la narration. Sous tension et sur fond métaphysique, hyper connecté, pré ou post-chaotique d’une certaine manière. Ce qu’on nomme aujourd’hui le grand effondrement (the great reset) c’est du complotisme pour certain, de la collapsologie, de l’anticipation pessimiste.. c’est aussi du Cyberpunk.

Alors évidemment il y a le fond et la forme. Si l’esthétique est un marqueur fort de ce genre, il faut bien le distinguer. Toute la science-fiction n’est pas caractérisée à ce point, avec le Cyberpunk nous somme moins dans le spectacle, il doit déranger et graphiquement tout est permis. Pour le reste c’est l’intrigue, l’enjeux, l’aventure qui doit être globalement sombre et au ton cynique.

Pause..

Alors à ce moment là vous avez plein d’œuvres SF qui vous sautent à l’esprit et vous allez probablement vous tromper ou galérer pour les classer ou non dans le genre Cyberpunk. Ici vous l’avez compris, je fais l’exercice subjectif d’interpréter ce style, donc il se peut qu’il y ai divergences. Alors évidemment, il y a le fond et la forme. Si l’esthétique est un marqueur fort de ce genre, il faut bien le distinguer. Toute la science-fiction n’est pas caractérisée à ce point, moins sur le spectacle, il doit déranger et graphiquement tout est permis. Pour le reste c’est l’intrigue, l’enjeux, l’aventure qui doit être globalement sombre et ton cynique.

Nb. une œuvre évoquant le futur ou un univers techniquement avancé ne veux pas dire Science-fiction.. Ex. Star Wars n’est pas à classer dans la SF mais dans le genre Fantaisie, car l’univers de la saga propose d’abords une mythologie (la force, etc..).

Et ne pas confondre avec le Steampunk. Ce terme dérivé du Cyberpunk, arrivé a la fin des années 80 (même si ses origines peuvent être trouvées dans des récits de Jules Verne). Steampunk, qui signifie littéralement « punk à vapeur » est plutôt inspiré de l’époque victorienne et de sa révolution industrielle. Ici ce sont les mécanismes en tout genre qui règnent, les moteurs à charbon ou à vapeur, les matériaux tels que le cuivre, le laiton, le bois et le cuir.. ça c’est le Steampunk. Sueur et mains tachées de cambouis pour les uns et costume trois pièces pour les autres. Aujourd’hui très  anglo-saxon dans le style, souvent inspiré de l’amérique du 19e siècle, tant pour les décores, que les vêtements, les accessoires et les outils.. du chapeau haute forme à la montre à gousset, en passant évidemment par les premiers véhicules (les trains, une révolution aux états unis) et les premières armes à feu.. même si cocorico le bosse du genre reste Jules Verne. 

Nb. pour vous donner quelques références cinématographiques (à défaut d’œuvres littéraires et autres jeux vidéo) : Brazil (1985), Mad Max (1979), Dune (1984), Wild Wild West (1999), La Ligue des gentlemen extraordinaires (2003) etc.. Mais le cinéma Français c’est aussi tenté au Steampunk avec : La Cité des enfants perdus (1995) ou Vidocq (2001).. Puis quelques animés japonais comme : Le Château dans le ciel (1986) ou Steamboy (2004) et j’en oublie tant.. revenons à notre sujet. 

Cyberpunk 2077

Je fais cet article en partie car, avec la sortie du jeu vidéo Cyberpunk 2077, la nouvelle génération risque de prendre cette œuvre comme référence. Alors qu’on l’a vu, il existe depuis presque 40 ans déjà ! Aussi, parce que le jeu vidéo tant attendu est une adaptation du jeu de rôle (de table) créé par Mike Pondmish en 1988 : Cyberpunk 2020. 

C’est un jeu dont on parle depuis 2012, mais ici je ne vais pas rentrer dans les détails de son développement qui à pris pas mal de retard.. quoi qu’il en soit, il y a une hype énorme dans la communauté et donc l’éditeur a déjà dévoilé une partie de son contenu.

Ce sera un Jeu vidéo d’action RPG vue à la première personne, proposé par Cd Projekt Red et sous l’impulsion de MCe sera un Jeu vidéo d’action RPG vue à la première personne. Proposé par Cd Projekt et sous l’impulsion de Mateusz Kanik (principal designer), l’ambition est clairement de rivaliser Rockstar et leur classiques GTA ou RDR notamment, en proposant un environnement libre et une chronologie de l’aventure aléatoire, un « open world » sensé révolutionner le genre. Si la trame de l’histoire est fixé par le jeu de rôle le « gameplay » reste à developper par le studio Polonais, bref..

Synopsis..

Votre périple prend place sur terre en 2077 et se déroule dans la mégapole de Night City. Une immense ville futuriste et cosmopolite où règnent inégalités et violence, le tout sous influence des méga-corporations qui ont pris le pas sur les gouvernements. Ces sociétés de développement technologique, évidemment, ont la part belle dans ce monde toujours plus libéral. 

Là est la dystopie, comparable à « 1984 » de George Orwell, publié en 1949 (big brother is watching you), ou plus tôt encore, en 1932 dans « le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. Ces deux romans évoquent un abus de pouvoir et de contrôle qui s’opère sur les citoyens lambdas. Ce régime totalitaire imaginés, sert évidemment les intérêts une petite élite, d’un partie politique en l’occurrence, d’un tyran mégalomane.. mais que cela vienne d’un gouvernement, certaines familles ou de lobbys industriels.. ils nous évoquent forcément, à la fois ce que l’on sait du passé (monarchie absolue, nazisme au communisme) et quelques théories « complotistes » qu’on peut trouver sur internet (francs-maçons, illuminati ou peuple élu.. lol). 

Dans ces mondes fictifs, le séparatisme est donc entretenu par des castes organisées et les tensions montent en même temps que ce sentiment d’impuissance. Le jeu vidéo ne manque pas de compléter le cocktail idéal Cyberpunk, avec des guerres de gangs et de la corruption. Enfin, une forme d’addiction ou de dépendance, ici on va le voir c’est une drogue, mais selon les œuvres on y ajoutera un nouveau dogme aliénant. 

Dans l’histoire de ce jeu vidéo, la nation n’existe plus, ne reste que les survivants au crochets de grandes entreprises, au commande donc d’une gouvernance centralisée et mondiale. Ils soumettent les peuples facilement, car ils sont rendus dépendants de ce qu’ils produisent.

Dans cet univers, la population est donc sous l’emprise de la technologie et notamment d’implants permettant d’augmenter le corps humain. La drogue qui fait ravage c’est le « Braindances » des enregistrements qui permettent de revivre les souvenirs, expériences et sensations d’une autre personne.. l’utilisation excessive de ces dernières entraîne une dépendance chez certains individus, lesquels perdent le contrôle d’eux-mêmes et deviennent agressifs. Appelés les « Psychos » ces drogués ont recours à l’implantation d’améliorations technologiques et s’attaquent aux « organiques ». La force spéciale MAX-TAC est constituée afin de les neutraliser, bref.. on en sait pas vraiment plus et c’est normal. 

Ce que l’on sait, c’est qu’un monde ouvert s’offrira à nous, dans lequel le joueur crée son personnage en début de partie. Il devra choisir parmi différentes classes et personnalités. Hormis les options du sexe, des attribues physiques, la couleur de peau, les vêtements, les implants cybernétiques, etc.. nous aurons également le choix des origines (Nomad, Street kid ou Corporate) et sa classe : NetRunner (pirate informatique), Techie (spécialiste de la technologie) ou Solo (mercenaire, combattant des rues). On peut alors imaginer que vos choix impacteront votre aventure et vos relations dans le jeu.

Pour conclure..

Le genre Cyberpunk et les problématiques qui en résulte sont très proche de notre monde actuel, pessimiste il est vrai, mais intéressant à étudier malgré tout. La technologie n’est qu’un outil et même si l’homme à la fâcheuse manie de l’utiliser à mauvais escient, je ne crois pas qu’il faille tout arrêter. Elle peut être inquiétante, comme l’intelligence artificielle d’aujourd’hui, comparable aux craintes qu’on pouvait avoir face aux machines de l’air industriel, qui à l’époque devaient nous remplacer, prendre notre travail.. alors qu’on le sait, ce temps et cette énergie libérée nous a permis d’aller dans l’espace, créer internet, soigner toujours mieux, etc.. l’homme est plein de ressources et on trouvera toujours de quoi s’occuper, ce rendre utile. 

Les enjeux du 21e siècle nous rapproche des mondes Cyberpunk, en commençant par la digitalisation, la progression des IA et notamment du trans-humanisme. On parle d’effondrement car avec ça nos sociétés vont profondément évoluer et cette perspective provoque de nombreuses interrogations. Quelle place prendront les entreprises du numérique, de plus en plus puissantes ? Que faire du “big data” qui inquiète les particuliers comme les états ? 

Rassurez-vous, l’homme est un explorateur, créateur avec un instinct de survie très performant. Il trouvera toujours un espace non contrôlé, un réseau connecté sécurisé, le Deepweb ou le Darkweb, peu importe.. je crois qu’internet est le continent dématérialisé duquel viendra notre salut. Il n’est pas qu’un monde virtuel, c’est aussi le vrai monde avec de vrai gens. Les hackers seront les héros du futur et les programmes « open source » les armes pour lutter contre toute domination. 

La méthode « open source » consiste à ouvrir et partager la recherche et le développement d’outils à tous. Le web reste encore un espace de liberté, à condition d’utiliser les bonnes plateformes nous pouvons échanger librement. En effet, c’est toi et moi qui faisons l’information, l’analyse, la propagande.. on débat entre nous, sans intermédiaire ou presque, on fact-check, on débunk, bref.. on collabor. 

La blockchain suit cette logique également, décentraliser et collaboratif elle lutte contre la corruption. En particulier la crypto-monnaie, qui est l’exemple typique de la reprise du pouvoir monétaire des peuples contre les institutions financières. A l’origine mystérieuse et plutôt bienveillante, elle s’apprête incontestablement à mettre à genoux les devises puissantes, étatiques ou fédérales. 

Pour ma part je reste optimiste, le « petit peuple » trouvera toujours le moyen de préserver ces besoins vitaux. Notamment grâce à l’intelligence collective et la force du nombre. Sa créativité, sa capacité de collaboration, son travail et sa détermination est parfois discrète, minoritaire, mais bien omniprésent. Car tout le monde n’est pas corruptible.. le puissant malveillant est doué pour faire des plans, il a peut-être beaucoup d’argent et une bande de copains, mais ils ne savent et peuvent pas faire grand chose sans nous.. c’est pourquoi, quoi qu’on en dise : il n’a pas les moyens d’interrompre la résistance d’un peuple qui lutte pour son indépendance et sa dignité !!

Lecture..

William Gibson : Neuromancien

Voici le roman culte et fondateur du genre Cyberpunk. Le style d’écriture est rude, mais pour le amateurs de littérature SF c’est un classique. L’histoire mis à part, l’ambiance générale y est fascinante.. une œuvre à part.

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Bonus..