Fight club..

Je ne sais pas vous mais moi quand j’ai vu ce film j’ai pris une immense claque. Je ne suis pas du genre à avoir un film préféré mais.. il est quand même pas loin de l’être.. Pour les plus jeune d’entre vous, on parle d’un film sorti le siècle dernier, mais je dirais qu’il est toujours et même terriblement d’actualité. Il dénonce avec brutalité notre société consumériste à travers une histoire super cool que je ne vous résumerai pas là, car ce n’est pas mon sujet.. Je vous invite simple à le regarder.

Le public..

Alors en quoi ce film est intéressant : déjà parce qu’il a été un échec commercial à sa sortie au cinéma. Les gens du métier et les critiques étaient plutôt mitigés.. mais le public lui en a décidé autrement. Avec le temps, il a fini par connaître le succès, puis obtient son statut de film culte.. et ceci principalement grâce au bouche-à-oreille. Cela veut dire que les gens qui ont vu ce film le recommande.. et c’est évidemment la plus puissante des propagations, mais aussi la plus sienne. Alors pourquoi ?

Déjà parce qu’il est très bien réalisé par David Finicher qui fait l’adaptation du livre de Chuck Palahniuk.. qui pour l’anecdote, dira que le film est meilleur que son romain. ? C’est une expérience cinématographique, tant sur l’esthétique, que le rythme, mais ça c’est encore subjectif. Moi j’y vois deux raisons qui sortent du lot :

1999..

Le premier point, c’est qu’il est parfaitement dans son époque. Nous somme à la fin des années 90 et le sujet frappera la génération Y de plein fouet.. Vous savez, cette génération qui sens bien que la fête est fini.. que la précédente s’est bien gavée et que maintenant qu’on a des pubs et des écrans partout, alors qu’on plus de sous, plus de boulot, moins de retraite, y a comme un malaise. Il ne fait pas le bilan du siècle, en réalité, il introduit le prochain.. 

D’ailleurs le web poursuivra l’expansion qu’on connait notamment avec les réseaux sociaux et ce qu’on en fait.. Mais dans les quelques années qui suivent, il y aura la crise de sub primes, les attentats du wall trait center et les études climatiques.. Nous entrons irréversiblement dans un nouvel air, alors l’histoire et le fond du film fait échos, au chaos pressenti par cette génération de pessimistes et à juste titre..

Un personnage fort..

Le seconde point, c’est un personnage qui ne laisse pas indifférent.. et je ne parle pas forcément du héros, dans Fight club ce serait l’anonyme Adward Norton. Dans un bon film cela peut être un bon méchant par exemple, comme Annibale Lecter dans silence des anneaux. Ici c’est le second rôle, celui de Brad Pitt jouant Tyler Durden.. un personnage fantasque, ni gentil, ni méchant mais à coups sûr celui qui vous marquera le plus.

Introduction :

Ici je vais tenter, à travers la personnalité de Tyler Durden, de vous parler d’abord de la philosophie stoïcienne dont il fait preuve, son jemenfoutisme vulgairement parlant.. Mais surtout de comprendre comment il fait pour fédérer et susciter autant de passion, grâce à son charisme.

Stoïcien..

La philosophie stoïcienne est un courant qui vise à se détacher des choses de la vie que nous ne pouvons pas contrôler. Accepter cette idée et se concentrer sur le reste. Le stoïcien est celui qui garde la tête haute, non pas par fierté mais par obligation et compréhension. La peur, la douleur, le stress ou la privation font parties de la vie et il ne peut les éviter. Il s’agit donc de vivre avec, les intégrer à la nature et faire le choix de la raison.

Par exemple, on est libre de sortir et d’aller à la rencontre des gens, mais on ne peut pas contrôler le profil des personnes qu’on va croiser. On peut idéaliser cette balade, s’imaginer rencontrer de futur amis ou la femme de notre vie, mais on peut aussi s’attendre à rien ou se préparer au pire.. C’est ça le stoïcisme, vivre en harmonie avec ce qui nous entour finalement.. Rationnel, le stoïcien s’interdit de rêver, d’une certaine manière il ne prétend qu’à faire de son mieux.. Il sera souvent présenté comme quelqu’un de relax, pour qui rien n’est grave. Simplement parce qu’il sait que ce qui doit arriver arrivera. 

L’être épicurien, celui qui sait apprécier la vie dans son ensemble est stoïcien, forcément cynique. Car il a mis la passion et le romantisme de côté pour se concentrer sur le réel. Accepter l’échec, supporter le travail pour enfin se délecter d’un succès. Comprendre et apprécier sa chance notamment et par conséquent, il est humble. Faire preuve de patience et inclure le déterminisme dans sa vision et ses principes de causalité. La philosophie stoïcienne ne fait pas l’apologie du dépassement de soit ou de l’extraordinaire, il est cartésien et croit que tous phénomènes, objet ou événement, sont liés au naturel. Il a donc conscience qu’il est peu de chose et c’est ce qui le rend important. 

Le charisme..

Pourquoi Tyler Durden est si charismatique? Et je ne parle pas de Brad Pitt évidemment, mais de ce personnage, qui n’a pourtant pas le profil de l’homme parfait et enviable qu’on cherche à nous vendre depuis des décennies.. Je crois que c’est parce qu’il est ce que nous osons pas être. Celui qui se prend les coups, celui qui accepte sa condition de rien.. une simple matière organique en décomposition.. Il n’a ni succès financier reconnu, ni beau vêtements, ni femmes à ses bras et pourtant il fédère si bien.. alors pourquoi?

Peut être parce qu’il a fait le sacrifice de son égo et, de se fait, il n’a pas la faiblesse de l’homme fière. Du coups, il entreprend sans crainte, une tête brûlée en somme qui n’a pas peur de tomber, de se blesser ou d’avoir l’air.. mais l’air de quoi d’ailleurs.. On s’en fou ! Parce qu’en face de lui il y a ces types paumés. Aliénés par cette société du paraître, vidés de leur virilité, castrés par leur femme et humiliés par leur patron. Là dedans, Tyler apparaît forcément comme affranchie, remarqué et remarquable pour cette raisons..

La sélection..

Ou parce que Tyler Durden n’existe pas, seules ses idées existes. Il est charismatique parce qu’il ne cherche pas à se mettre en avant, il met en avant le Fight club et bien entendu le projet chaos.. Parce oui, il a un objectif et il a besoin des autres.

Pour rassembler il doit être convainquant et pour ça Tyler est un excellent marketeux. Il utilise la sélection, l’intimidation même, il filtre.. car son projet n’est pas pour tout le monde, seulement pour les meilleurs, les plus motivés. Comme un produit de luxe qu’on achèterait en parti pour signifier au monde que nous faisons partie d’une certaine élite. C’est aussi la technique des boites de nuits et du boulot des videurs qui sélectionnent les plus beaux, les plus chics. En terme d’engagement, cette méthode donne de très bons résultats. Alors Tyler Durden impose de nombreuses épreuves à ses recrus. Notamment par le combat et l’abandon de soi.. Dans le film il propose à ses membres de provoquer une bagarre et de la perdre. Simplement parce que le courage ne suffit pas, il cherche des téméraires..

Le détachement..

Tyler Durden impose le respect car il donne l’exemple, il incarne ses convictions. Il ne fait pas d’efforts pour cela, il est comme ça. C’est comme pour nous et nos envies d’émancipation. Si tu veux prendre ton indépendance, ne soit pas motivé par l’argent ou la facilité, concentre toi sur ce que tu aimeras faire tout le reste de ta vie, ce qui te passionne vraiment, ce que tu es.. Parmi les leçons de Tyler il y a le détachement au sens large, en commençant par le matériel. Car nous sommes possédés par ce que nous possédons.. par extension il préconise donc de détruire pour mieux reconstruire.

C’est ici qu’on retrouve les principes stoïcien de Tyler Durden qui ne se soucis que de son projet et du club.. Être détaché de tout à ce point c’est paradoxalement ce qui va attirer les autres, qui chercheront à capter votre attention..

Vivre l’instant..

Alors que ses contemporains passe leur temps à regretter le passé et à appréhender l’avenir, Tyler Durden lui s’empare du présent. Et pour l’enseigner à ses disciples, quoi de mieux que la douleur? Celle-ci fige le temps. Dans une bagarre, il n’y a pas de place pour la philosophie.. Chaque coups reçus et portés sont les mots de notre histoire et le récit s’écrit dans l’instant.

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est qu’une vie bien remplie est faite de petites actions. Inutile de programmer ou d’annoncer. Il faut juste le faire, assumer, puis refaire encore et encore..

Psychologie inversée..

J’allais oublié, une méthode que Tyler utilise pour fédérer, c’est la psychologie inversée. Elle va un peu avec son attitude stoïcienne. Car si les deux premières règles du Fight club sont : il est interdit de parler du Fight club. Alors elles suscitent l’effet inverse, le désire de transgression.. Comme un enfant à qui on dirait de ne pas toucher. Il serait obsédé par cette idée, même s’il ne l’avait pas envisagé. Donc les membres du Fight club en parlent et c’est l’effet boule de neige..

Conclusion :

Tyler Durden répond aux maux du mâle moderne.. avec virilité, une génération d’homme élevés par des femmes.. Des hommes étouffés, sans perspective d’avenir, ni d’influence. Des hommes qui finalement doivent se réapprendre, se réunir et réhabiliter la fraternité.. Parce que c’est aussi un film sur l’amitié masculine.. Ps. Qui dénonce au passage le féminisme, incarné par Marla, personnage féminin, qui de façon absurde et métaphorique, apparaît dans le film en intégrant un groupe de soutien d’hommes émasculés.. Le narrateur, Edward Norton et chaque membre du fight club n’ont plus de place, ni en ville ni au travail, plus de privilège et semble n’avoir aucun impact sur la société.

Alors c’est dans une lutte contre soit même que le salut viendra. Dans la cave d’un bar miteux, dans la sueur et ensanglantés, anonymes, que ces homme reprennent vie. L’ironie c’est que Tyler Durden arrive à convaincre de ne plus être esclave du capitalisme pour devenir l’esclave du projet chaos.. Proposant l’anarchie qui finalement resterai la loi du plus fort.. Les membres du Fight club sont frustrés et énervés.. et bien entendu, il n’est pas bon de prendre des décisions importantes sous le coups d’émotions aveuglantes.

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Bonus..

Georges Brassens l’anticonformiste