Laissez-moi vous raconter l’histoire pas banale, d’une équipe mythique qui a marqué la NBA à la fin des années 80. Souvent oublié de l’histoire ou presque, car entre deux époques on va dire, celle de Larry Bird et de Magic Johnson, puis celle de Michael Jordan. Pourtant, il y a bien eu Isiah Thomas et ses partenaires. Appelés aussi les Bad boys de Detroit, ils ont semé la terreur dans la ligue au moins 5 années de suite avec : 1 première finale de conférence en 87 (une seconde en 1991) puis, 1 grande finale en 88 pour enfin gagner 2 titres en 1989 et 90. 

Alors vous entendrez des tas d’histoires à leur propos, de pas très glorieuses c’est vrai, des scandales, des bagarres, un manque de respect avant, pendant et après les matchs. Mais malgré tous ses défauts.. et je ne m’y attendais vraiment pas.. j’ai découvert une équipe touchante, au final très attachante qui mérite aussi qu’on s’attarde sur ses qualités. Et vous allez le voir, il y a pleins de bonnes raisons pour lui consacrer un portrait ici. On va essayer comme d’habitude d’en tirer quelques leçons. 

Si tu souhaite créer une entreprise, insufflez une ambition à un collectif, que tu sois responsable d’une équipe ou que tu en face simplement partie. Tu ne vas peut-être plus regarder tes collègues de la même manière, ou peut-être exercer ton métier de la même façon. Tu seras un autre entrepreneur, un autre travailleur indépendant, comme les Detroit Pistons ont été une autre équipe. 

Sur le parquet comme à l’usine : les travailleurs de Detroit 

L’histoire de la franchise est intéressante. Elle commence dans les années 40 et non pas dans le Michigan, mais juste à côté dans l’Indiana à Fort Wayne ou l’industrie automobile explose et rayonne jusque Détroit (qui pour info, se trouve seulement à quelques heures de route). 

Le premier personnage qui va nous intéresser est Fred Zollner, entrepreneur de Motor City et propriétaire d’une entreprise florissante et devinez quoi ? Il fabrique des pistons pour toutes sortes de véhicules. Et savez vous quel sport il adorait ? Je n’en sais rien, mais je sais qu’il aimait faire de l’argent, jouer et qu’il n’aimait pas perdre. 

En effet, à l’époque il n’y avait pas la NBA que nous connaissons aujourd’hui, mais des ligues de basket d’industriels, la NBL et la BAA. Des usines faisaient jouer leur salariés et c’était évidemment le bon moyen de dorer son image de marque. Alors la bataille n’est pas seulement économique mais aussi sportive. Zollner pour ça, allait débaucher régulièrement chez ses concurrents des profils aux qualités plutôt basketballistiques et il y mettait le prix, il proposait de bons salaires et d’excellente condition de travail. 

En 1941 donc, les Zollner Pistons intègre la NBL et font sensation, en faisant 4 finales en 5 ans dont 2 titres en 44 et 45. En vu de ces bons résultats, Zollner se dit qu’il est tant de faire de l’oseille avec ce sport. Il est convaincu que le public viendrait en nombre pour voir son équipe. Alors adieu le petit gymnase de l’école secondaire de Fort Wayne et bonjour les grandes arènes de la ville prospère de Détroit, où il vendra effectivement pas mal de tickets jusqu’en 1957 lorsqu’il revend la franchise.

Fred Zollner sera surnommé Mr Pro Basketball, car il est une figure clé dans la fusion de la National Basketball League (NBL) et de la Basketball Association of America (BAA) dans la National Basketball Association (NBA) en 1949. Aussi, parce qu’il œuvra toute sa carrière à professionnaliser ce sport, d’abords pour ses joueurs qu’il entour d’une vraie grosse équipe technique et médicale. Puis dans le jeu et pour le public, car il est également à l’origine de nombreuses règles comme : l’élimination des joueurs qui ont 6 fautes, la création de la ligne des lancer franc, ou encore de la fameuse horloge des 24 secondes.. 

Nb. Autre point positif à noter, les Pistons accueil en 1950 le premier joueur noir de la NBA, Earl Lloyd. Une décennie d’avance sur la fin de la ségrégation racial aux états unis. Contre évidemment la réticence d’une partie du public, la franchise récompensera malgré tout les bons services de son joueur en le nommant d’abords assistant coach, puis en 1971 il prendra même la tête de l’équipe.. progressiste le Zollner (pouce). 

Interlude : Fred Zollner est donc un personnage important pour le basketball américain et les Pistons une équipe historique. Au-delà de l’aspect financier, c’est surtout et finalement l’esprit de compétition qu’avait Zollner que l’histoire doit retenir. Il n’était pas obligé d’investir autant pour son équipe, s’il voulait réunir les meilleurs joueurs s’était simplement pour gagner des titres. 

Alors les cyniques me diront peut-être que c’était pour flatter son égo, évidemment.. promouvoir son entreprise, bien sûr.. mais je vous pose la question : doit-on y voir forcément du vice et que du négatif ? Je ne dis pas qu’il éprouvait de l’amour pour ce sport en particulier, mais juste qu’il avait cet esprit de compétition, comme une envie d’aventure, de sortir de sa zone de confort, de jouer et performer tout simplement.. Et de ça finalement, c’est tout une industrie qu’il a crée, avec aujourd’hui une trentaine de  franchises Us et Canadiennes, des millions de salariés, des milliard de chiffre d’affaires.. un jeu qui fait vivre pas mal de monde et ma fois c’est cool. Je ne fais pas partie de ceux qui voient systématiquement dans le capitalisme, le verre à moitié vide si vous préférez.. tout ça pour dire, qu’un esprit de compétiteur, la compétitivité selon les circonstances, c’est un défaut ou une qualité. 

Par exemple : ce pote qui veut absolument vous battre au ping-pong et qui réclame revanche après revanche.. de votre point de vue c’est peut être pénible ou cela vous dépasse, mais pour lui de gagner le 10e match après 9 défaites, c’est important.. car a ce moment là, est-ce qu’il devient meilleur que vous ?ou juste meilleur que lui-même ? Moi je n’est pas vraiment cet esprit de compétition et ne le souhaite pas pour autant, mais je vous pose la question comme ça : est-ce qu’un compétiteur de nature serait potentiellement un bon entrepreneur ? 

Là on va faire un bon dans le temps pour en venir à l’époque qui nous intéresse, car les années qui suivent le départ de Zollner se ressemblent tristement. La ville subit une désindustrialisation durant les années 50 et plonge ainsi brutalement sa population dans la précarité, l’ambiance y est morose, la violence s’y développe et cerise sur le gâteau, les Pistons est une équipe moyenne. 

Le projet de guerre du lieutenant Mc Closkey

Si je vais parler longuement ici des joueurs, il faut pourtant honorer celui qui, avec patience, a su construire une équipe qui gagne. Jack Mc Closkey fût le manager général des Pistons de 1979 à 1992 et sur le papier c’est l’homme idéal : ex lieutenant de la marine ayant servi pendant la seconde guerre mondiale, il n’a donc pas peur des combats. D’autant qu’il est responsable de l’équipe la plus jeune du pays et des plus fortes têtes, vous allez le voir. 

Sans avoir forcément à reproduire un schéma militaire, il a su pourtant transmettre des valeurs qui lui sont chères : la combativité évidemment, mais surtout la solidarité des soldats. Mais Dedroit ne s’est pas fait en 1 jour évidemment, il lui a fallu une dizaine d’années pour faire enfin briller la franchise du Michigan dans une ligue largement dominée à l’Est par les Boston Celtics de Larry Bird à l’Ouest par les Los Angeles Lakers de Magic Johnson. 

1981. Après la pire saison de son histoire, pour les Pistons et profitant du 2e choix de la draft l’année suivante, McCloskey eu le nez fin de recruter celui qui deviendra le moteur de l’équipe (et vous apprécierez au passage le clin d’œil aux origines mécanique de la franchise). Le talentueux Isiah Thomas issu de l’université d’Indiana. Relativement petit de son mètre 85 il s’est surtout fait remarquer par son énergie et sa force de caractère sur les parquets. Grand scoreur et teigneux, a seulement 19 ans, le meneur prendra naturellement le leadership sur l’équipe et il inspirera toute la stratégie de McCloskey pour les années à suivre. 

Nb. Isiah Thomas a fait toute sa carrière chez les Pistons de 1981 à 1994. Alors icône de la franchise, nommé All-Star à 12 reprises et intronisé au Basketball Hall of Fame en 2000. Isiah Thomas est aussi considéré comme l’un des meilleurs meneurs de jeu de toute l’histoire de la NBA. 

Si comme joueur il est incontestablement doué, l’homme à pu parfois diviser. Trop franc et spontané, dès son arrivée chez les Pistons par exemple, il explique très sereinement dans une interview qu’il aurait préféré jouer pour sa ville natale Chicago. Une déclaration improbable que les fans de Detroit n’apprécie que moyennement. Mais si Isiah pouvait faire mauvaise impression vu de l’extérieur, de l’intérieur, les personnes qui ont évolué à ses côtés, partenaires comme rivaux, tous s’accordent à dire que l’homme est honorable, bon camarade et professionnel. 

1982. Isiah Thomas enchaîne les performances individuelles, mais sa volonté et son talent seul ne suffira pas. Alors McCloskey doit confirmer la personnalité qu’il souhaite donner à son équipe et pour ça il fera venir un autre joueur, tout autant déterminé que son jeune prodige, Bill Laimbeer pour son poste de pivot. 

Loin d’être le meilleur, il le remarque chez les Cavaliers de Cleveland comme un monstre de détermination, un vrai poison psychologique pour les adversaires qui n’hésitent pas à se bagarrer dès que l’occasion se présente. Si Isiah Thomas avait la flamme du génie, Bill Laimbeer sera l’étincelle.

Isiah Thomas et Bill Laimbeer : Amicalement votre

Tous deux originaires de Chicago, l’un connu une enfance très défavorisée, alors que l’autre à l’inverse est issu d’un milieu très privilégié. Thomas sera marqué par la pauvreté et la violence, notamment par la mort de ses deux frères, tués dans une guerre de gangs (à propos de trafic de drogues). Laimbeer lui, dira qu’il est peut-être le seul joueur de la ligue à avoir un salaire inférieur à celui de son père. 

Malgré cette différence qui les oppose, les 2 joueurs se porteront mutuellement, Thomas ce faisant le porte voix et Laimbeer le porte flingues. Sur le parquet comme dans les vestiaires ou aux micro de la presse, ils incarneront la forte solidarité de l’équipe.  

Nb. Isiah Thomas fut très actif dans la lutte contre la drogue durant sa carrière, en lien évidemment avec son enfance, mais surtout en contraste avec le joueur nerveux et sévère qu’il peut être, et avec le portrait que dépeignent systématiquement les médias spécialisés. Il recevra en 1987 le J. Walter Kennedy Citizenship Award pour ses actions caritatives. 

1983. Pour canaliser le caractère explosif de ses nouvelles recrues. Le prochain coup de maître de McCloskey sera d’engagé comme entraîneur, le charismatique Chuck Daly. Appelé affectueusement “daddy rich” par ses joueurs, pour le flatter et souligner le soin qu’il prenait d’être toujours bien habillé. A mis chemin entre camaraderie et sévérité, il est lui aussi obsédé par la victoire et McCloskey le sens, même s’il a peu d’expériences, il sera l’homme parfait pour ça.  

1984. De retour en play-offs après sept années de disette, les Pistons sont éliminés dès le premier tour par les Knicks de New York malgré une farouche résistance.

1985. Détroit rencontre Boston, champions en titre au deuxième tour, ils sont battus 4 à 2. Alors le bal des recrutements se poursuit lors de la Draft de 1985 avec un certain Joe Dumars, un joueur qu’on ne peut pas oublier de citer, car il fait partie des 8 joueurs de l’histoire de la NBA qui ont porté le maillot de leur 1er club pendant plus de 1000 matchs. Sa carrière longue de 14 saisons au sein des Pistons l’ont consacré comme un des meilleurs arrières shooteurs de sa génération. Dès son arrivée il répète sans cesse qu’il compte bien gagner au côté et au service de Isiah Thomas, duquel il est déjà un grand fan (et il ne gagnera qu’avec lui d’ailleurs)

A l’intérieur, ils débauchent Rick Mahorn chez les Washington Bullets, une fois encore non pas pour ses qualités de jeu, mais pour son gabarit imposant et son caractère bien trempé. D’ailleur, lui et Laimbeer auront un accrochage que le pivot réglera à sa façon : non satisfait de son investissement pour l’équipe il lui dira, que s’il ne change pas son attitude, il se ferait un plaisir alors de lui casser la gueule. Et Mahorn sera ensuite parfaitement aligné sur l’état d’esprit du collectif. 

1986. La saison s’achève amèrement avec une élimination dès le premier tour des play-offs face aux Hawks d’Atlanta de Dominique Wilkins qui ont imposé un défi physique que les Pistons ont été incapables de relever. Chuck Daly en arrive à la conclusion que pour être efficace, une force de caractère doit être associée à une force physique. Alors s’il est compliqué d’obtenir les meilleurs joueurs de la ligue, il ira donc chercher les plus costauds. 

On y est presque, 1986 et pour le poste d’ailier se sera le rugueux Adrian Dantley. Le doyen de l’équipe et un bon joueur qui a eu ses heures de gloires (notamment avec les Lakers au côté de Kareem Abdul-Jabbar) un joueur expérimenté donc qui sera très utile à ses jeunes nouveaux et fougueux partenaires, qu’on appelait pas encore les Bad boys au passage.

Enfin et selon moi, les vrais bons choix ont eu lieu au moment de former la défense avec John Salley, un grand gaillard de 2m11 plutôt extravagant qui deviendra le mentor d’un jeune joueur écorché vif, un certain Dennis Rodman

Nb. John Salley fut le premier joueur de l’histoire à remporter un titre NBA avec trois clubs différents : les Pistons de Détroit en 1989 et 1990 avec donc Isiah Thomas et Dennis Rodman, qu’il retrouvera pour être à nouveau champion avec les Bulls de Chicago en 1996 en compagnie de Michael Jordan et Scottie Pippen, et les Lakers de Los Angeles en 2001 avec Shaquille O’Neal et Kobe Bryant (rien que ça).

Dennis Rodman aka. The Worm 

Et je dois vraiment m’arrêter sur Dennis Rodman, car à ce moment-là il est loin d’être celui qu’on a tous en tête, fantasque et plutôt athlétique. A 22 ans il est encore relativement mince, mais surtout très très timide et instable psychologiquement à cause d’un parcours chaotique. Malgré une nature solitaire et craintive, Chuck Daly parvient presque miraculeusement à distinguer l’énorme potentiel en lui. Car sous le panier, aux rebonds, ce qu’il fait est juste colossal. Il est devenu le spécialiste assumé du travail ingrat dans la raquette, il dira lui-même qu’il y fait les poubelles. 

Une découverte faite par hasard donc, dans une ligue de seconde zone, et drafté en 1986 au second tour dans l’anonymat le plus complet. Dennis Rodmane ne s’imaginait vraiment pas rejoindre le circuit professionnel. Lui qui a commencé tardivement le basket alors qu’il vivait dans les rues de Dallas. Fragile à cause d’une vie personnelle quelque peu mouvementée, chaotique je vous disais. 

En effet, enfant il est abandonné par son père et grandit seul avec une mère accro à la drogue. Il doit alors se débrouiller très tôt avec la misère financière et affective, bref. Une misérable vie qui l’entraîne irrémédiablement dans la rue, ou il vit littéralement. C’est à ce moment là, par opportunité mais surtout par ennui qui se met à jouer de la balle orange. 

Entre-temps il se tente évidemment la criminalité, mais ce n’est pas pour lui. Il ne vote qu’une fois je crois et se fait attraper (voir mugshot d’arrestation) et on le sens, je ne sais pas pourquoi mais cette une photo m’a touché.. et pour tout vous dire, c’est à ce moment là de mes recherches que j’étais convaincu du sujet de mon portrait.

Dennis Rodman ne cherche pas la gloire, ni d’être aimé du grand public ou des médias. Ce qu’il cherche c’est une famille, être utile pour et reconnu par elle. Alors Chuck Daly deviendra pour lui, comme un père spirituel et ses partenaires, les frères qu’il n’a jamais eu. Alors le cœur rempli comme jamais la détermination ne tardera pas à suivre. 

La dynamique du groupe est de plus efficace et les victoires galvanisent également le public. Les Pistons ont considérablement musclé leur jeu, c’est le moins qu’on puisse dire. Laimbeer est particulièrement agressif et la tension permanente de Thomas pousse toujours plus l’équipe. Rodman excelle en défense et s’adapte parfaitement au style de groupe. 

Fred Zollner aurait été fière de les voir aussi bien porter ces ambitions de gagnant.. bref, le collectif marche maintenant à l’unisson, alors le lieutenant McCloskey et le capitaine Chuck Daly sont ravis.

Interlude : Dans ce chapitre on va comprendre comment une équipe théoriquement inférieure et mal aimée peut malgré tout s’imposer. 

Précédemment on a pu noter que la volonté ne suffit pas, faire usage de la force est parfois indispensable. Dans notre travail on pourrait comparer ça à une communication un peu plus agressive, pour ceux qui comme moi on tendance a ne pas vouloir déranger, c’est pourtant le meilleur moyen de croître. 

Aussi, comme la patience est souvent une vertu récompensée, à condition bien sûr d’y mettre tous les moyens possibles. La meilleur manière d’avancer sûrement bien que lentement, c’est d’avoir une vision sur le long terme et une stratégie. Alors Draft après Draft ou négociations, pour obtenir de nouveaux joueurs au style adéquat.. ne reste qu’a attendre que la structure se solidifie.

Ce serait comme nos projets, contrat après contrat, au service de notre portfolio. Garder en tête que notre objectif n’est pas d’être le meilleur (subjectif) ou le plus riche (insatiable) mais simplement d’être rentable, capable d’épargner pour réinvestir, etc.. 

Ne lâchez pas vos stylos ou restez concentré, on va voir maintenant comment l’alchimie opère. Il y a la synergie des victoires évidemment, mais il n’y a pas que ça. Les défaites sont tout autant utiles, l’adversité renforcera vos convictions comme vos équipes et aussi, bien comprendre qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Parfois, vos choix, votre attitude peuvent provoquer des réactions négatives. A ce moment-là il faut évidemment assumer et garder le cap, tout sera oublié si vous atteignez votre but. 

Typique du sport, peu importe si on devient champion du monde sur un pénalty discutable, cela ne nous empêchera pas d’arborer fièrement une étoile de plus sur le maillot. C’est vrai ou pas ? 

Les bad boys de Detroit : Autant détestés que adorés

1987. Les Pistons, devenus les Bad Boys de la ligue, récoltent enfin les fruits de leur travail. Car en effet, l’équipe est besogneuse, focalisée sur les victoires avant même l’appréciation du public. Ils divisent, énervent, dans les gradins juste sur le terrain, car évidemment les coups leur sont rendus. Alors chaque match est un combat violent et passionnant. A l’époque d’ailleurs les fautes étaient moins sanctionnées par les arbitres, qui au passage devenaient de plus en plus sévères envers les bad boys. 

La franchise faisait couler beaucoup d’encre et les médias se confrontent à l’engouement populaire autour des Pistons. En effet, les commentateurs biens pensants les critique allègrement et dénigrent leurs progression, ils étaient devenu l’équipe qui dérange, trop anticonformiste a leur yeux. Pourtant, le public y voyait une équipe travailleuse, jouant de ses armes et qui offrait, quoi qu’on en dise toujours un spectacle haletant. 

Les climax de cette saison est atteint lors de la finale de conférence, lors qu’il tiennent en respect les champions en titre, les Celtics à 2 manches. Partout au moment de se déplacer à Boston, pour le match 5, tournant de la série, avec lequel ils auraient dû prendre ascendant psychologique. A l’inverse, Isiah Thomas va vivre son plus grand traumatisme de sa carrière, ajoutant comme un peu de haine sur sa déjà grande volonté de vaincre. Alors qu’ils menaient au score, dans une fin de partie épique, à quelques secondes Thomas fait une maladroite remise en jeu qui profite au génie de Larry Bird, qui surgit tel l’oiseau (lol) et permet à son équipe d’aracher une victoire bienvenue. Les bad boys sont alors ko et laisseront passer leur chance en s’inclinant 4 à 3 dans cette série. Néanmoins, les Celtics de Bird y ont cependant laissé des plumes (Relol) il iront s’échouer en finale contre les Los Angeles Lakers. 

Nb. A ce moment-là, l’équipe est solidaire comme jamais. Dennis Rodman, qui déli de plus en plus sa langue, balance lors qu’un entretien que si Larry Bird était noir il serait un joueur comme les autres. Cette déclaration fait l’effet d’une bombe et la presse se fait un plaisir d’étaler ça partout, allant même jusqu’à confronter Isaiah Thomas aux propos de son partenaire. Il soutiendra son collège et s’attirera par la même occasion les foudre de la presse pendant plusieurs mois. Il déclarera bien plus tard qu’il aurait soutenu Rodman, comme n’importe quel autre membre de l’équipe et sur n’importe quel propos, car ils auraient fait de même. 

Labor omnia vincit improbus : Un travail acharné vient à bout de tout

1988. On y est, la revanche aura lieu dès la saison suivante et au même stade, entre les 2 meilleures équipes de la Conférence Est. Les Bad Boys fidèles à leurs principes, survoltés, ne laissent cette fois aucune chance aux Celtics qu’ils sortiront en 6 manches. Pour la première fois depuis 1956 sous Fort Wayne, les Pistons atteignent la grande finale NBA. Leurs adversaires en finale se nomment Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar et James Worthy qui évoluent sous le maillot des Lakers de Los Angeles, couronnés donc l’année précédente. 

Menant la série 3 à 2, les Pistons sont en mesure de remporter le premier titre de leur histoire dans un match que Thomas éclabousse de sa classe en inscrivant 25 points dans le seul troisième quart temps malgré une blessure à la cheville. Hélas, une faute peu évidente sifflée contre Bill Laimbeer dans les dernières secondes remet les Lakers dans le match qu’ils remportent 103 à 102. Privés de leur meneur pour le match décisif, les Pistons s’inclinent et laissent le trophée prendre une nouvelle fois le chemin de la Californie.

1989. À l’orée de la saison, les Pistons investissent le Palace d’Auburn Hills. Ils réalisent d’emblée des prouesses dans leur nouvelle salle, récoltant le meilleur bilan de la franchise avec 63 victoires. Après 2 premiers tours sans le moindre souci, les Pistons éliminent ceux qui se présentent comme leur plus sérieux rivaux à l’Est : les Chicago Bulls de Michael Jordan, déjà irrésistible, explosent un à un tous les records statistiques (bref.. affaire à suivre). 

La finale face aux Los Angeles Lakers de Magic Johnson est une formalité, puisque Détroit n’a besoin que de 4 matchs pour plier l’affaire. À la suite d’une saison qu’ils ont maîtrisée de bout en bout, les Pistons remportent le premier titre de leur histoire. 

Nb. Joe Dumars est élu meilleur joueur de la finale. Et Dennis Rodman pour sa saison obtient le titre du meilleur défenseur qu’il souhaitait tant. Nb titre qu’il le prend à Jordan d’ailleurs, puis le gardera les 2 suivantes. 

1990. Se présente comme une redite de la précédente. Les Pistons réalisent une excellente saison régulière et passent les 2 premiers tours des phases finales sans encombre. Ils retrouvent également les Bulls de Chicago en finale de Conférence pour ce qui reste comme une des séries les plus mémorables de l’histoire entre les ennemis jurés de l’Est. Scottie Pippen, Horace Grant, mais surtout et encore Michael Jordan goûteront à la détermination et à la brutalité des bad boys. Jusqu’au bord du terrain les coachs Chuck Daly et le génialissime Phil Jackson font le show. 

Après 7 matchs disputés dans un climat très tendu, les Pistons obtiennent le droit de participer à leur 3e finale consécutive face aux Trail Blazers de Portland de Clyde Drexler et Terry Porter. Alors à une manche partout, les 2 équipes se retrouvent à Portland, où les Pistons n’ont pas gagné depuis 1974, pour les 3 parties suivantes. Et pourtant, deux victoires plus tard, les Pistons s’offrent un nouveau titre, sur un ultime tir à longue distance de Vinnie Johnson dans la dernière seconde du match 5. 

Johnson que je ne vous ai pas présenté d’ailleurs, autant pour moi, mais a ce moment là il n’est que le 6e homme on pourrait dire, en soutien d’Isiah Thomas ou Joe Dumar, voilà.. merci. 

Donc les Pistons, les bad boys de Detroit réalisent ce qu’on appelle le « back-to-back » en défendant victorieusement son titre. Isiah Thomas est élu meilleur joueur de la finale et Dennis Rodman meilleur défenseur une seconde fois. Mais voilà on arrive au bout et malheureusement..

En lice pour un triplé, les espoirs des Pistons s’évanouissent après la défaite en finale de Conférence 1991 face aux Bulls du revanchard Michael Jordan. Dans les années qui suivent, la retraite sportive ou le départ de joueurs clés vont plonger le club dans une période difficile. Chuck Daly renonce à son poste en 1993 au moment où Bill Laimbeer se retire, tous deux suivis dès l’année suivante par Isiah Thomas. Dennis Rodman, alors meilleur rebondeur de la ligue, rejoint Vinnie Johnson chez les Spurs de San Antonio en 1993 pendant que John Salley s’engage avec Miami. L’année suivante c’est Mark Aguirre qui quitte Détroit pour les Clippers de Los Angeles. Abandonnée au seul Joe Dumars, l’équipe s’effondre au point de ne remporter que 20 matchs au cours de la saison 1993-1994.

Conclusion..

Un héros ce juge au méchant qu’il affronte 

Avec la sortie du film “the last dance” le documentaire hommage à Michael Jordan. La rivalité entre ce dernier et Isiah Thomas refait surface et les bad boys de Detroit sont encore montrés du doigt. Comme dans toutes les bonnes histoires il faut un méchant, alors c’est encore Isiah Thomas qui prend le rôle. 

En effet, je vous le disais en introduction, les Pistons de 88 à 90 c’est un peu comme une anomalie finalement. Isiah serait l’anti héros, celui qui aurait tué le père Magic Johnson, puis Michael Jordan le fils prodige, le nouveau héros de la NBA qui serait donc venu pour se venger.. 

Dans un beau combat il y a deux acteurs, le gagnant mais aussi le perdant. Si la dualité n’était pas si intense il n’y aurait pas de passion et le goût de la victoire moins savoureux.

Bonus..