Ça fait 3 ans que je n’ai plus de smartphone et il y a plusieurs raisons à cela : d’abord parce que j’ai détruit mon dernier Iphone peu de temps après achat (moins d’un an) et que je n’ai pas pu, eu envie de le remplacer. J’ai ensuite pris un Archos moins cher pour tester, mais il a gravement dysfonctionné au bout de quelques mois.

Vous connaissez le prix de ces petites choses et on connaît tous ce désarroi, ce sentiment de vide lorsqu’on perd ou casse son téléphone, lorsqu’il faut vite en changer, bref..  j’ai connu cette sensation 2 fois sur une courte période.

Alors après ça, j’ai simplement décidé de me prendre un p’tit portable à 25 balles, provisoirement dans l’idée, et aussi en backup pour l’avenir. Le but était d’avoir l’essentiel en attendant.. et puis bah.. je l’ai toujours ! et le smartphone ne me manque pas, bien au contraire ! Je ressens presque une fierté de ne plus être esclave de cet objet..

Attention, ici je ne dis pas que le problème vient du smartphone, mais bien de nous et oui, je m’inclus dans le lot. Je ne dis pas que je n’aurais plus jamais de smartphone et je ne dis pas que cet outil est sans intérêt, il est pratique, mais je dis qu’il n’est pas indispensable. Et ici, je vous propose simplement de tester ce qu’on appelle : le dumbphone

Le syndrome de vibration fantôme

Des études évoquent ce syndrome typique des propriétaires de smartphone et prouve que la relation avec notre mobile n’est pas saine. Beaucoup vont être si obsédés qu’ils vont entendre sonner ou sentir vibrer leur téléphone alors que non. Parce qu’on en a fait une extension de nous.

Pas besoin d’implants cybernétiques pour être un cyborg. Comme l’amputé, qui va toujours sentir son membre manquant de longues années durant. Nous sommes tellement fusionnel avec notre smartphone qu’il va jusqu’à perturber nos sens.

Mon sujet d’intérêt depuis quelques années maintenant, c’est l’indépendance. Un mélange de philosophie et de méthodes que je tente de verbaliser ici et là. Et notre nature est fascinante, nos tendances, biais psychologiques et comportements sont souvent prévisibles. Nous sommes capables du pire comme du meilleur, de transformer un outil en arme, une technologie en nuisance, etc..

La dictature du smartphone

Il est vrai que parfois on me regarde comme un extra terrestre ou plutôt, qu’on me considère comme un homme primitif. Alors que bien au contraire, j’adore la technologie, internet et la numérisation globale de la société ne m’inquiète pas plus que ça.. mais ce sont comme toujours les abus qui me posent problème, l’hyper connexion en réalité.

En tant qu’auto-entrepreneur, à quoi me sert d’avoir ma boite mails dans la poche, si je ne peux pas traiter immédiatement la demande de mon client ? Par exemple toi, propriétaire d’un smartphone, pour aller faire quelques courses tu vas prendre ton téléphone, pas moi. Quoiqu’il arrive cela peut attendre 10 ou 15 minutes à coût sûr, le temps d’être réellement disponible.

J’ai un Macbook et un Ipad Pro avec tous les outils numériques utiles pour moi, j’utilise quelques plateformes de communications et reste attentifs aux notifications, mais simplement pendant des espaces temps dédiés. Et je sais maintenant que le smartphone détruit cette limite ! Car on doit être joignable partout, tout le temps et pour n’importe qui..

Oui c’est pratique de pouvoir commander un Uber, de prendre le bon chemin grâce au GPS, de pouvoir écouter de la musique n’importe quand, ou de retrouver le nom d’un acteur évoqué avec des amis. Mais est-ce vraiment indispensable ? Peux-tu te déplacer différemment ? Demander ton chemin aux gens qui t’entourent par exemple, et pourquoi pas ce perdre un peu ? Écouter le chant des oiseaux en laissant divaguer ton esprit ?

L’humain ne supporte plus le vide et c’est bien le problème. Il se rend dépendant d’un outil sans plus jamais s’exercer à vivre sans.

Regard comme on est pitoyable

C’est un peu dur en effet de te le dire comme ça, mais c’est si vrai. Je t’invite simplement à regarder autour de toi, dans la rue, au restaurant, dans les transports en commun et regarde comme les gens sont fixés sur leur écrans.. et que font-ils au juste ? je vais te le dire.. ils ne font rien. Ils se font chier, comme toi finalement, toi qui regarde par la fenêtre les paysages défiler..

Combien j’ai eu de conversation interrompue, par un appel, un message, une notif, ou pire.. ces moments ou dans un creux, mon interlocuteur se met à consulter son réseau social fétiche, presque par réflexe. Ces moments extrêmement gênants ou ce dernier se met à ricaner d’un post quelconque.

Et enfin, ce moment insupportable d’ailleurs, ou il ce rend compte qu’il t’a quitté et souhaite comme pour s’excuser de te le partager. Lol le petit chat qui louche.. non.

Interlude

Je suis de cette génération Y celle qui a vu le monde changer rapidement et qui a développé ce rapport extrême avec ses écrans et internet.

Je n’ai pas d’enfants, mais je tiens quand même à parler de cette génération qui aujourd’hui élève ses gamins avec un smartphone à la main. Et je ne parle pas forcément des parents qui mettent, par exemple, une tablette à disposition de leur enfant pour, disons-le franchement.. être tranquille (et voilà qu’une appli de jeux remplace les jouets et que les dessins animés de youtube remplace une partie de foot).

Mais je parle juste de l’exemple qu’ils leur donnent lorsqu’ils sont eux même en permanence dessus. Le smartphone devient au centre de presque tout et l’enfant, qui dans son apprentissage ne fait que de mimer, le voit bien.

Je sais bien que c’est inconscient et je ne vous jette pas la pierre, mais c’est de notre faute (même les tontons) si cette jeune génération vit si mal parfois le harcèlement en ligne.. juste parce qu’ils ne savent même plus comment s’en distancer.

Conclusion

Je suis un adepte du voyage et plus précisément de petites aventures, de défis personnels. Je milite pour que nous puissions nous réconcilier avec le travail et cela passe par une forme d’indépendance, d’organisation et d’état d’esprit, etc.. mais aussi et surtout avec nous même, qu’on puisse être à l’aise avec la solitude. Je parle aux débrouillards, aux autodidactes, minimalistes, stoïciens, celles et ceux qui expérimentent et s’adaptent.. le voyage (seul, loin, longtemps) fait partie de mes premiers conseils si vous souhaitez devenir un web chasseur-cueilleur.

Mais dans une autre mesure l’expérience du dumbphone peut-être une bonne première étape pour vous confronté à l’alternative sociétale. Sans lui tourner définitivement le dos, juste pour lui signifier que vous n’êtes pas soumis à elle.

Un peu comme s’entraîner sans forcément vouloir devenir un champion, mais juste pour l’agilité. Car c’est en faisant régulièrement des exercices physiques qu’on peut fuir un danger à toute vitesse et sans se froisser un muscle bêtement.

Bis

Pour l’anecdote, un événement m’a imposé le dumbphone (quelques années avant l’introduction de ce témoignage). Lors de mon grand voyage en Australie, je n’avais pas prévu de basculer mon forfait à l’international et j’ai choisi pour ma nouvelle puce de me prendre un petit téléphone. Alors je peux vous dire que mon voyage à était bien différent des autres backpackers.

Il y a plusieurs types de voyage expérimental : le voyage en solo, en couple ou entre amis et il y a le voyage avec ou sans smartphone. Et je peux vous dire que je ne regrette absolument pas cette expérience !

Partie soit disant pour se déconnecter et vivre une aventure humaine, mes collègues voyageurs n’étaient malgré tout, pas confrontés à mes difficultés, ils organisaient leur séjour en 4G mais surtout, ils étaient toujours connectés à leur famille, leur amis en France, ils étaient au courant de tout.. et moi de presque rien. J’avais finalement ce que j’étais venu chercher et que je n’aurais pas complètement eu avec un smartphone.

Bonus..