Certains mettent leur économie sous le matelas, d’autres la transforment en or, en pierre, arts, cryptos, sneakers, cartes pokémons, etc.. chacun son truc. Il n’y a pas de mauvais investissements, mais de mauvais investisseurs. Et très souvent, ils sont ceux que j’appelle « les suiveurs » juste attirés par le profit. Profit qu’ils ont identifié chez les « spéculateurs » les marchants du temple, puis il y a les amateurs « passionnés » qui dans ce triptyque ont le rôle principal..

Car si les spéculateurs et les suiveurs participent de façon positive a la croissance d’un marché, ils sont aussi et systématiquement les principaux acteurs du crack. C’est eux qui font la bulle lorsque le feu est au vert, puis la percent dès qu’il passe au rouge.

Dès lors, les spéculateurs limiteront leur pertes, mais les suiveurs (les idiots utiles) perdront beaucoup. Les passionnés eux s’en sortiront toujours, car dans leurs démarche il y a surtout du plaisir, et d’une certaine manière ils n’ont pas investi, mais diversifié.. Si les uns soufflent sur la flamme, eux soufflent sur la braise. En cas de décote brutale, les vrais amateurs resteront stoïques, ne céderont pas à la panique, poursuivront leur passion et seront très probablement a l’origine du prochain stonks.

Il faut aimer l’objet de votre placement, assez pour le suivre assidûment, le comprendre et anticiper sa cote, voire même influencer son marché. Le trader comme le collectionneur individuel sont des acteurs d’une communauté interconnectée, avec ses règles, ses codes et sont alors un fragment de la dynamique économique de leur patrimoine. 

La première règle est donc d’aimer votre sujet. La seconde est d’y mettre seulement ce que vous pouvez perdre. Il faut agir à la hauteur de vos moyens et être patient, car l’investissement est un pari sur le long terme.. les capricieux peuvent s’abstenir !

Dans votre niche vous devez définir vos valeurs, vous fixer des limites, puis vous y tenir. Les investisseurs au crochet d’influenceurs (chroniqueurs, formateurs) seront souvent dupés, en tout cas.. les derniers informés. Ce ne sera pas toujours de la malveillance, mais bien parce que il est difficile pour eux de partager leurs infos avant qu’il soit trop tard. C’est pourquoi vous devez penser par vous même, sinon vous céderez à la panique et serez emporté dans un mouvement de foule chaotique. Identifiez et développez votre propre sensibilité, votre stratégie à propos de votre sujet et vis-à- vis de votre communauté. Il y a toujours des sous catégories, une niche dans la niche, vous pouvez vous spécialiser.

Par exemple, si vous aimez les montres et si vous avez un petit budget, vous pouvez devenir un expert des modèles vintage Russes. Ou encore, cibler un marque, un complication horlogère spécifique, etc.. votre expertise vous assurera de prendre les bonnes décisions au bon moments. 

Les montres Cartier de Tyler, The Creator

J’ai en ma possession une vieille montre (Lip Dauphine) d’un demi siècle qui fonctionne très bien. Je ne l’ai jamais vraiment porté, mais je l’aime profondément. Elle ne vaut presque rien et pourtant, elle serait la seul que je ne pourrais pas vendre.. car elle a une autre valeur. Elle a sûrement était la première montre de mon père, qu’il a reçu d’un oncle, qui l’avait acheté à son fils, qui c’est tué dans un accident, bref.. elle porte une histoire riche en émotions, un mélange d’amour, de grande tristesse, d’honneur et de responsabilité. De l’usine à moi, cette montre est restée dans la famille et je me sens responsable d’elle, pris d’une mission, celle de la transmettre à mon tour à quelqu’un de confiance.

Horophiliste.

La montre incarne tout ce que j’aime, en commençant par sa trotteuse qui nous rappelle que le temps passe et qu’il est d’une grande valeur. C’est l’objet qui nous accompagne et qui nous survivra. C’est aussi le travail d’artisans passionnés, créatifs et sacrément ingénieux.. le symbole de l’héritage, porteur de tradition, transmis du mentor à l’apprentie et de père en fils. C’est l’objet de la beauté, l’alliage parfait de la technique et de l’esthétique. La montre, qui est un défi en soi, devient ensuite l’outil presque essentiel des conquêtes humaines.. 

Mic Horne, explorateur de renommé international et collaborateur de la maison Panerai, disait en interview que la montre et l’outil commun à toutes ses expéditions. Moins utile qu’une boussole en pleine mer ou qu’une machette dans la jungle, mais indispensable pour garder la notion du temps et organiser ses journées.

La première montre que je me suis acheté c’était pour mes 40 ans, avec la simple envie d’avoir une bonne montre qui me ressemble. Je portais alors et depuis plusieurs années, une seule et unique montre (Tissot PRC200 quartz) hérité de mon père. Une très bonne pièce au caractère sportif et très masculine dans son design. Je voulais autre chose, quelque chose qui collerait mieux à ma nature et mes activités.

Moins sportif que mon père, je suis plutôt reconnu pour mes aventures et mes voyages notamment. Je me mets alors a la recherche d’une montre que je pourrais emporter avec moi, qui pourrait m’accompagner dans n’importe quelle capitale du monde (riche ou pauvre) et capable de me suivre en campagne et dans mes périples aussi variés que incertains, donc robuste et fiable. Je me suis alors orienté vers une mécanique de terrain (Hamilton Khaki field automatic).

Alors s’il y a la situation de l’héritage, un lien émotionnel, il y a évidemment ce « storytelling » que nous achetons, puisque chaque marque nous raconte une histoire et parce que leurs pièces portent certaines valeurs, innovations, etc.. par transfère, le consommateur va construire « l’émotion » dont il a besoin. Car c’est la montre, l’objet en lui-même qui inspire cela.

C’est aussi la notion de « récompense » car la première ou seconde étape consiste à s’offrir une bonne montre a un moment mémorable, un anniversaire, un mariage, une naissance, mais également en cas de succès, financier vous l’aurez compris.

Arrivé par cette porte, ce type de client n’est plus que dans le plaisir ou l’émotion, il est aussi un investisseur, son intention est de placer et diversifier son argent. Il ira donc d’instinct vers une valeur refuge, stable pour constituer et protéger son patrimoine.

Une valeur sentimental et pécuniaire.

En Suisse à la fin du 17e siècle, les chrétiens révisionnistes interdisent à la population de porter des signes extérieurs de richesse. L’or était déjà à l’époque une valeur refuge et ceux qui en avaient les moyens le transformaient en bijoux, pas seulement dans le but d’être ostensible, mais pour matérialiser, porter le fruit de leur travail et le transmettre.

Les bijoux sont alors des objets de patrimoine, peu importe la quantité, sa forme, dès que possible on en fait des ornements, pour presque partout et notamment pour sois. On se le mettait autour du cou, au poignet ou aux doigts.. sur notre femme, nos enfants ou nos parents, toujours dans le seul bute de diversifier et profiter de sa richesse.

Sauf que maintenant avec les révisionnistes, les bijoux et en particulier le métal précieux sont prohibés, il fallut trouver une autre forme, un autre objet de valeur. C’est ainsi que les horlogers ont imaginé des outils toujours plus complexes et esthétiques, dans le but de combler ce besoin de matérialisation de valeur.

Puisqu’il est admis qu’une montre (à gousset) est utile, qu’elle est d’abord un outil, un garde-temps qui finira par séduit tout le monde, jusqu’au clergé. Maintenant, nous payons le travail, la précision et le génie de ces horlogers. Dès lors, les gens collectionnent, troquent et transmettent leur montres comme un bien précieux. 

Pas collectionneur, mais sélectionneur.

Cela fait depuis plusieurs années que je travaille et économise, cherchant en parallèle une valeur refuge pour diversifier mon épargne. Aujourd’hui je crois bien que j’ai trouvé mon truc et une astuces pour assouvir ce plaisir : j’achète et revend mes montres. Parfois neuves, parfois d’occasion, parfois à perte ou l’inverse peu importe.. ici chaque montre constitue au moins l’apport de la prochaine. Via une sélection de 6, 8 montres, mon objectif est simplement de monter doucement en gamme..

Je ne suis pas dans l’accumulation (syndrome de Diogène) et je ne considère pas les montres comme un objet de spéculation, même si certains modèles peuvent atteindre des prix stratosphériques. Pour moi, elles sont d’abord un objet de plaisir, qui s’avère être stable et qui me permet d’allier l’utile à l’agréable. Donc je ne suis pas un collectionneur, je suis un sélectionneur, mon intention n’est pas la quantité, mais la qualité.. puis surtout, je souhaite réellement profiter et porter mes montres. 

Oris – Big Crown Pro Pilot GMT – Limited Edition – 57th Reno Air Races

Conclusion.. 

Elles constituent une option, une valeur refuge, donc un patrimoine transmissible (et non taxé). Je poursuis évidemment mon processus d’épargne classique « bancaire » et je ne dépense qu’à la hauteur de mes moyens. Je suis avec passion l’actualité du secteur.. pour autant, j’envisage toujours un investissement plus grand et rentable si besoin, j’adore ces objets.. mais ce ne sont que des objets !