Comme ici j’aime aborder des notions subjectives, dans cet article je souhaite vous partager ce que je sais, ou crois savoir à propos de la morale.

Mon intérêt pour celle-ci vient d’une idée communément admise qui dit que les entrepreneurs à succès, ceux qu’on admire souvent, seraient des psychopathes. Car pour le bien d’une ambition personnelle, ils ont parfois et en conscience, dû sacrifier l’intégrité d’un collectif ou d’une autre personne. 

Alors voilà, l’homme et particulièrement l’entrepreneur, accompli ou en devenir, sera donc confronté aux limites de la morale. On parle ici d’éthique, à savoir si son business, ses produits ou sa gestion la respecte. Qu’on en soit la victime ou l’inverse, c’est le dilemme quasi permanent qui régit nos actions, cadre les relations humaines et souvent, limite nos ardeurs.

Mais où commence et s’arrête la morale ? Celle-ci est-elle fixée et par qui ? Est-elle la même en fonction de l’époque, notre parcours personnel, notre position géographique ? Est-elle discutable..

Suis-je un psychopathe ?

Le cerveau est un organe qu’on ne connaît presque pas, les maladies mentales restent des mystères pour la science, et cette qualification de psychopathe est fascinante car celle-ci nous concerne tous. En effet, peut-être qu’un instant tu as été un psychopathe ou peut-être que tu en es un sans même le savoir. Parce qu’il y a des degrés dans la psychopathie. Généralement, pour définir un psychopathe on dit que c’est quelqu’un qui manque d’empathie. Mais il y a deux niveaux à celle-ci :

L’empathie cognitive : c’est la capacité d’adopter la perspective d’autrui, de comprendre les situations, ses objectifs.

L’empathie émotionnelle : c’est la capacité à ressentir l’émotion d’autrui. Le psychopathe manquera de ce dernier, il peut être tout à fait conscient du mal, mais il ne ressentira rien. 

Dans ses mémoires, l’entrepreneur à succès va rarement se vanter d’avoir eu l’attitude d’un psychopathe, d’avoir avancé ses pions en faisant délibérément abstraction des dommages collatéraux. Il roulait alors vers son destin, écrasant tout sur son passage.. pour le bien nous dirait-il. Protégeant sa famille, créant de l’emploi, etc. Il nous le dirait sans sourciller car convaincu, les directions prisent l’ont menées au but et en tout objectivité, il a eu raison. 

La création d’une entreprise va avec l’autorité, la responsabilité, et celle-ci va forcément contre l’intérêt de certains. Le profit est un mot qu’on n’aime pas beaucoup, pourtant il est presque le seul objectif de l’entrepreneur, pour faire croître son activité. Un rôle qui lui incombe dès lors, la froideur du psychopathe.

Les dilemmes moraux

Pour le commun des mortels, prendre une décision qui frôle les limites de la morale ne sera pas prise sans peine. Mais faire le bon choix, c’est faire celui qu’on peut assumer. Qu’il soit qualifié de bon ou mauvais, on le fait en fonction de notre amour propre. Nous sommes confrontés régulièrement à des décisions qui impliquent de s’appuyer sur les autres, mais à ce moment-là, nous savons qu’il doit en être ainsi.. l’instinct de survie en quelque sorte.

Nb. Ceux parmi vous qui aiment réellement la nature et la connaissent, savent qu’elle est impitoyable. J’ai en mémoire un documentaire terrible sur la vie des guépards. Lorsqu’on évoque cet animal, on pense évidemment à sa grâce et sa vitesse de course. Mais ce qu’on nous présentait ici, était la dure réalité, celle d’une vie de souffrance, de solitude, de famine et de constante vulnérabilité.

On y suivait alors une jeune guéparde et son petit. Livrée a elle-même, elle doit quotidiennement s’atteler à la chasse, laissant ainsi le guépardeau seul malgré de nombreux prédateurs. Un jour, rentrant bredouille une fois de plus de celle-ci, elle retrouve son bébé qui, on ne sait comment, s’est coincé la patte dans le tronc d’un arbre mort.

Dans l’impossibilité de l’aider, on la voit tourner désespérément pendant des heures autour de son enfant.. affreuse situation, d’autant qu’elle pris la décision suivante : celle de se laisser une nouvelle chance, d’enfanter encore et peut être de réussir cette fois à protéger son bébé jusqu’à l’âge adulte.. le choix de la raison peut-être, car la morale est un luxe que la nature ignore.

La morale est donc souvent relative, mais à son sujet on a des tas d’idées toutes faites. On se prétend facilement gardien de la moralité, sans avoir conscience que notre niveau d’empathie varie aussi et irrémédiablement en fonction de quelques critères. Parce que si dans la vie on a le choix, on prend souvent celui qui va dans notre intérêt (ou quelque chose de supérieur, instinctif..). Voici un test de situations bien connu :

La première est simple : Vous êtes aux commandes d’un train lancé à toute vitesse et le chemin de fer vous impose d’aller à droite ou à gauche. Mais ce choix vous contraint alors de sacrifier des inconnus : à droite il y a 1 personne âgée et à gauche 5 enfants.. Votre morale personnelle vous ferait allé à droite sans provoquer de grande indignation collective.

La seconde l’est moins : Même scénario, sauf qu’à droite il y a vos parents et à gauche une dizaine de jeunes gens que vous ne connaissez pas.. Où allez-vous ?

Article : Sur le parquet comme à l’usine : les travailleurs de Detroit.

Notre sphère de considération morale

Vous avez une quête personnelle, un objectif qui vous tient à cœur et vous seriez prêt à “tout” n’est-ce pas ? Mais savez-vous ce qu’il y a derrière ce “tout” exactement ? Ici on ne parle pas seulement d’un travail plus intense, de quelques privations, etc.. La limite que vous devrez affronter c’est celle de votre propre morale. Seriez-vous capable de mentir, trahir ou d’ignorer l’empathie ? 

La sphère de considération morale : est comme un barème inconscient, dans lequel vous ferez la hiérarchie des choses importantes selon vous. Cette sphère peut inclure les gens de votre catégorie sociale ou supérieur et exclure tous ceux que vous aurez identifié comme inférieur. C’est méchant mais humain, immorale et naturel. On le fait sans vraiment nous en rendre compte car au font nous avons tous une stratégie sociale et on le sais : le plus faible ne peut rien nous apporter.

Et si nous l’aidons, il y a encore un intérêt sous-jacent, celui de se donner bonne conscience au regard des autres (nos égaux ou supérieurs), peut être pour le karma ou s’assurer une place au paradis, bref.. même sans stratégie d’intérêt, la sphère de considération morale peut s’activer d’autres manières, par exemple : un collègue peut être rude au travail, alors que dans l’intimité il est en vérité extrêmement doux. C’est parce qu’il a défini sa sphère ainsi, parce qu’il se fout pas mal de ce que vous pensez de lui au boulot, ce qui lui importe, c’est sa seule sphère privée.

Le dilemme du combattant : c’est la quête collaborative d’une sphère de considération collective. Lors d’une guerre un pays se fédère pour un objectif commun, l’individualité dans le peuple doit s’y soumettre et la moralité ne fait pas partie de l’équation. Le confit étant engagé, il s’agit maintenant de tuer ou mourir et ici encore, c’est un retour à la nature. 

Il y a évidemment des guerres d’attaque ou de défense, positions relatives, nourri quoi qu’il arrive de rancœurs et de propagande. Pour retirer une vie on devra vous en promettre une autre, une meilleure. On devra vous convaincre et cela passera forcément par votre intérêt propre, un retour sur investissement. Le dilemme du combattant est là, au frontière de la morale et tiraillé entre manipulations et égoïsme. Vous avez fait votre choix, immergé dans le conflit vous faites donc la guerre pour la paix, et si cet engagement semble paradoxal, il est juste naturel.

Conclusion..

En somme, il n’y a pas de choix faciles, encore moins lorsqu’il se heurte à la morale. Il n’y a que des choix d’intérêts, le bon est celui qu’on assume, comprends, justifie.. la morale c’est de la littérature, le livre refermé vous devrait enfilez votre masque de psychopathe. Trahir avant d’être trahi, vous battre en prenant soin de bien choisir votre cause d’abord, mais surtout vos adversaires. Car s’il faut gagner alors attaquez-vous aux faibles, vous vous occuperez de vos alliés plus tard, ils sont trop forts pour le moment.. lol.

Vous trouvez ça dure et qu’il n’y a rien de drôle ? Bienvenu dans le jeu de la vie, voici les règles de la nature. Dans cette partie hasardeuse vous n’aurez que votre libre arbitre, faites en bonne usage.. c’est à votre tour.

Bonus..

Voir la première partie : Dumbphone therapy