J’ai le sentiment depuis la conception de keiken.fr que je n’arrive pas à définir ma cible. Avec le recul je me demande si cette notion est bien utile. En tout cas, il y a une vraie confusion entre la destination de ton message (ads) et ton image de marque (branding). En effet, si l’identification d’une cible en design est importante, sur un plan entrepreneurial elle est bien moins évidente. Pour certaines marques, le panel de son audience est souvent très large. Il inclut automatiquement prospects et clients, et ces 2 profils n’ont pas forcément les mêmes appréciations. 

Globalement et pour faire court, le principe est de faire adhérer un groupe à son image, ses valeurs, fixer un objectif à une communauté. On peut donc dire que c’est une cible littéralement. Mais par exemple, et pour bien comprendre la nuance, les marques de luxe vendent alors un rêve. Si elles présentent le statut final dans leur publicité, celle-ci ne s’adresse pas forcément aux privilégiés déjà clients. Elles parlent aux autres, celles et ceux qui vont fantasmer ce statut. La cible d’une marque de luxe, dans sa communication, n’a peut-être pas encore le pouvoir d’achat requis pour appartenir à ce groupe d’élite, mais la simple ambition. Le but est donc de convaincre ce dernier que, ce statut “social” est gage de réussite. Elle lui vend alors une image représentative des ambitions de prospects qui ne sont pas encore clients. En somme, si l’auditeur (prospect) souhaite réussir et le faire savoir il doit adhérer aux valeurs, viser l’objectif proposé par la marque..

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« Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie » 

Jacques Séguéla. Alors que tout le monde se fout pas mal de son avis (2009)

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Concernant Keiken maintenant, qui serait ma cible alors ? L’étudiant ou le web-entrepreneur ? Le travailleur indépendant, digital nomad, investisseur ou le chômeur, le salarié, celui qui souhaite se reconvertir ? Avec la nuance exprimée plus haut, l’objectif que je propose est donc l’émancipation professionnelle : L’entrepreneur, indépendant, nomade ou pas, mais dans la capacité d’investir sur lui et pour lui, d’innover dans son activité, développer son expertise ou son business. Ce statut, je lui ai donné un nom et un groupe : Le web chasseurs-cueilleurs club. 

Mais je dois alors rencontrer un public, en devenir, aux ambitions communes à ce dernier et pour le sensibiliser, je dois lui faire une promesse, c’est le bénéfice client. Je pourrais lui vendre un rêve de liberté et d’indépendance, avec une réussite financière pour couronner le tout, mais je n’y tiens pas. Je préfère lui proposer une méthode et un environnement, un état d’esprit avec des valeurs. Un outil avec lequel il peut envisager son émancipation professionnelle. 

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Soit je te le fais, soit je t’apprends à le faire

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Inspirer et former. Mes attentions avec Keiken n’est pas seulement de te servir a mangé, mais de t’apprendre à cuisiner. Avec nos catalogues de prestations et de formations, associer à nos contenus gratuits et notre réseau, notre communautaire. Ici le membre, client ou pas, sera en chemin vers ce statut. Contrairement aux marques de luxe qui sous-entendent être (symboliser) la finalité d’un statut. Appartenance oui, mais pas d’illusionnistes chez nous, bref..

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« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure »

Georges Bernanos, La France contre les robots (1947)

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Alors comment devrais-je présenter la chose ? Dois-je forcément pour bien le faire créer un persona, une cible unique ? Essentialiser l’objet, incarner le produit, en me présentant comme un multi entrepreneur à succès ? Envoyer du rêve, flatter le peuple et l’algorithme ? Créer du contenu SEO friendly (pour le référencement) avec des sujets à la mode comme le développement personnel, le design thinking ? Ou régurgiter des notions de marketing, de sociologie ou de design froidement, sans vision personnelle ? Titiller les frustrations de l’auditoire ? Dois-je proposer une chimère, en parlant de liberté, de bonheur ou de fortune, sans aucune relativité ? Je préfère me concentrer sur l’épanouissement dans son travail. Et cela passe forcément dans la compréhension du système, notre rôle dans ce dernier, la compréhension de notre métier, la valeur de votre expertise.

Je n’ai pas envie de te dire que mes méthodes sont parfaites et que ma philosophie te correspond forcément, ce serait malhonnête. Le graphiste ne garantit pas le succès de la marque via les visuels qu’il propose. C’est évidemment en équation avec la qualité du produit ou de l’offre mis en avant. Comme le formateur, qui met simplement à disposition ces connaissances, pour parler de réussite, il reste complètement dépendant de la bonne volonté de l’apprenant. La responsabilité est souvent partagée, en somme l’acheteur et le vendeur sont partenaires.. le problème ne vient pas du magasin de couteaux, mais bien de l’utilisation qu’en fera le client. 

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Tu peux y allé, je ne te retiens pas

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Puis-je en un slogan définir mon projet ? Si je ne sais que vaguement où je vais, par contre, je sais exactement d’où je viens. Alors si je ne sais pas à qui je m’adresse précisément, dois-je me taire ? Celui qui prétend, en créant et diffusant son travail, ses pensées, sa vie sur le web, ne prétendre à aucune espèce d’adhésion est un menteur. 

A ma façon, voilà tout simplement ce que je fais. Je m’adresse aux gens de ma sensibilité et leur propose des solutions, des options, une philosophie, des méthodes, un espace, une communauté, du contenu gratuit et payant, un panel de services pour régler leurs problèmes, trouver son rôle, son expertise et la vendre. Ma cible est large et n’a, hormis cette volonté d’émancipation, pas de profil type. Quel que soit ton poids financier, tu peux tirer profit de Keiken. Investir sur soit c’est aussi investir de son temps, son énergie, rencontrer, expérimenter, n’insérer dans une dynamique.

Nos méthodes et nos valeurs peuvent être clivantes, nos expertises moins, mais peuvent être perçus comme inutiles et il est très probable que tu n’aies pas besoin de nous. Que nos sujets ne te parles pas du tout. Alors c’est toi qui t’es trompé de lecture, ou de vidéo, de formation ou de prestataire.. je ne peux alors qu’être navré et te souhaiter bonne continuation.. 

Bonus..